Aujourd’hui, Internet est l’outil que les “élites”, les médias et le pouvoir craignent le plus. Il offre une vitrine aux personnes qui sans cela resteraient oubliées, opprimées. C’est un outil qui donne des forces à ceux qui réclament la justice, l’égalité et la liberté et secoue les structures des États et des entreprises, un support face auquel les gouvernements ne trouvent pas d’autre réaction que la censure.
– Raphael Tsavkko Garcia blogueur brésilien et rédacteur pour Global Voices [lien en anglais]
La Journée mondiale contre la cyber-censure est une initiative de l’ONG Reporters sans frontières (RSF) qui défend un Internet libre et accessible à tous. Souhaitons que cette journée permette une plus grande sensibilisation des internautes quant à la censure qui menace Internet, une réalité que les rédacteurs des revues de blogs de Global Voices connaissent malheureusement trop bien.
Lina Ben Mhenni, fait partie de ceux-ci. Elle vit en Tunisie, un pays désigné « ennemi de l’Internet » plusieurs années de suite par la classement “Les ennemis de l'Internet” de RSF. Sur son blog, rédigé en anglais, elle écrit :
Savez-vous ce qu’on ressent quand on est censuré ?
Je le sais.
En effet, j’ai découvert cette affreuse sensation le 24 février 2010. Ce jour-là, de retour du travail, j’ai eu la déception de voir s’afficher un message d’erreur 404 [NdT : message signifiant que l'ordinateur n'a pas pu se connecter à un site donné], ce qui reste d’une page web censurée dans mon pays, lorsque j’ai voulu ouvrir mon compte Facebook et mon blog.
Diego Casaes [en anglais], rédacteur brésilien pour Global Voices, a dédié à ce sujet un billet qui contient des liens vers des blogs du monde entier et dans lequel il présente plusieurs projets lancés par Global Voices. Sur son blog [en anglais], il explique comment selon lui les gouvernements devraient se positionner face à Internet.
Je pense que les gouvernements devraient être encouragés à ne pas réguler, mais à offrir une bonne infrastructure et à enseigner à la population comment utiliser correctement le web. De cette manière, les citoyens auraient confiance en leur gouvernement et pourraient s’exprimer librement sur Internet. C’est de la plus haute importance ! Sur ce sujet, j’estime aussi que les entreprises devraient être plus attentives à l’influence qu’elles ont sur la société. Quand les comptes de certains militants des droits de l’homme ont été piratés en Chine, la décision prise par Google de ne plus filtrer les résultats de son moteur de recherches dans ce pays (suivez ce lien pour plus d’informations) montre comment les entreprises peuvent se positionner.
Sur son blog, Hisham, qui couvre le Maroc pour Global Voices, répond à la question « Qu’est-ce que la lutte contre la cyber-censure ? » [lien en anglais] :
A mon avis, cela signifie protéger ce qui dans certains pays est devenue le dernier bastion de la liberté d’expression autour de laquelle s’articule toutes les autres libertés. Internet est le dernier endroit où les gens peuvent encore échapper aux restrictions des régimes oppressifs. Cela signifie utiliser les blogs, les vidéos, les photos, les réseaux sociaux, les podcasts et les nombreux outils disponibles en ligne pour mobiliser les personnes autour d’une cause, dénoncer les violations des droits de l’homme, faire connaître les combats menés dans une région géographique au reste du monde, donner aux minorités la possibilité de s’exprimer, obliger les gouvernements à être responsable de leurs actes, rechercher la vérité et la faire connaître.
Le Pakistan n’est pas considéré comme un « ennemi d’Internet » mais la censure que le pays applique sur le Web touche souvent fortement les blogueurs. Awab Alvi, rédacteur pakistanais pour notre site Global Voices Advocacy, écrit [en anglais] :
J’estime qu’Internet devrait être libre et accessible aux citoyens pakistanais pour permettre aux gens d’exploiter cette plateforme sans limites, pour créer de nouveaux espaces d’échange d’idées et d’information [lien en anglais]. Internet devrait être considéré comme une force pour la liberté et comme un outil offrant la possibilité de soutenir la croissance d’une nation qui se débat.
Le Liban ne filtre pas Internet, mais Layal Al Khatib partage son avis sur le sujet sur son blog [en anglais]. Pour elle, la lutte contre la cyber-censure signifie :
Liberté ! Notre droit le plus fondamental en tant qu’êtres humains ! Nous devons être libres d’exprimer nos sentiments, nos pensées et nos opinions sans craindre qui que soit ! La censure appliquée par une tierce partie donne souvent lieu à l’auto-censure, vous finissez par vous enfermer s’ils ne le font pas, eux ! Ce qui selon moi est plus dangereux…
Tomavana, traducteur pour le site Global Voices en malgache, explique qu’à Madagascar, le problème ne réside pas nécessairement dans le filtrage, mais dans l’accès à Internet. Il rappelle que la censure n’est pas la seule barrière à la liberté d’expression :
Quant à évoquer cette liberté d’expression à Madagascar, c’est invariablement se cogner à la réalité des manques d'infrastructures dans les pays en développement….De plus, avec un taux d'utilisation d'Internet de moins de 5% de la population, il s'agit plus d'un avantage supplémentaire, que monnaie une minorité de privilégiés, plutôt que d'un véritable droit. Je formule cependant le vœu que ces dérives ne puissent servir de prétexte à un musèlement ou à une censure d'Internet à Madagascar mais qu'au contraire son accès soit facilité pour le plus grand nombre, notamment par une amélioration de l'offre de connexion à Internet, accompagnée par une baisse des coûts de connexion.
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