Voici une sélection d’extraits de blogs publiés par des employés américains et irlandais de l'ONG Concern US Aid qui travaillent en Afrique subsaharienne. Ces agents de Concern US Aid publient régulièrement des billets de blog sur leur travail et les défis auxquels ils font face en essayant d'améliorer les conditions de vie de certaines populations au Malawi, en Tanzanie, en Sierra Leone, en Angola et en République Démocratique du Congo.
Concern US est une filiale de Concern Worldwide [tous les liens sont en anglais] dont la mission est de s’assurer que les personnes vivant dans une pauvreté extrême parviennent à satisfaire leurs besoins élémentaires et jouissent pleinement de leurs droits.
Notre sélection commence avec Cormac Staunton de Dublin qui raconte sur son blog une vieille tradition au Zimbabwe appelée Field Day (En français, Journée du Champ) :
Je regarde Monsieur Chinamo, un fermier de 83 ans originaire de Gowke Nord dans le centre du Zimbabwe, se tenir fièrement sur son terrain. Accompagné de sa femme Clara, il surveille ses cultures, prend une corne de bœuf qui fait office de mégaphone et se met à parler.
Pas moins de 500 personnes regardent, la majorité d’entre eux sont également des fermiers du même district. C’est le point central de leur « Journée du champ », une vieille tradition dans le Zimbabwe rural.
Monsieur Chinamo a été choisi par un jury d’experts en génie rural comme le fermier le « plus prospère » des 366 du programme Concern’s Conservation Farming, pour lequel je suis venu ici de Dublin dans le but de me documenter et d’en apprendre davantage. Outre le prix qu'elle reçoit, la famille Chinamo a l’honneur d’accueillir l’événement cette année.
Cormac poursuit en décrivant le déroulement du Jour du champ.
Pendant que la foule quitte le champ vers la ferme, on prépare de la nourriture pour tous les invités dans de grandes marmites. Les commémorations sont organisées par la communauté toute entière, avec chanteurs et danseurs de différents villages et écoles, et des discours des chefs de communautés et des représentants de Concern US à Gowke.
Le clou des festivités, c’est la remise des trophées à tous les gagnants. A la fin, Monsieur Chinamo est honoré par les villageois et reçoit son prix, constitué de semences, d’engrais et d’une somme d’argent en liquide.
Ces prix viennent aussi bien des dons de compagnies étrangères que des villages qui participent. Ce concours a pour but de renouveler l'intérêt pour l'agriculture des communautés, qu'elles ont perdu depuis des années.
Voir le succès de ce programme, en particulier pour Monsieur Chinamo, est assez stimulant et c’est surtout un exemple tangible pour les autres, ils peuvent voir que malgré l’incertitude, utiliser des méthodes d'agriculture raisonnée peut assurer une bonne récolte.
Isla Gilmore parle des difficultés de la vie en milieu rural en Tanzanie.
L’eau a toujours été facilement accessible pour moi.
En tant que citadine, c’est difficile d’imaginer la vie sans eau propre. En Tanzanie, j’ai dû m’habituer à ne pas pouvoir la boire, et à être très méticuleuse quand il s’agit de la faire bouillir, la filtrer et laver des aliments dans cette eau. Mais je vis à Dar es Salam et j’ai accès à toute l’eau dont j’ai besoin.
La vie dans les villages en Tanzanie est complètement différente.
Au début du mois, j’ai visité le projet d’adduction d’eau du programme Concern Tanzania. Le district de Biharamulo se situe dans la région de Kagera, près du Rwanda. Il assez différent des autres régions du pays où nous travaillons, car les villages ici sont situés sur des collines et dans des vallées.
Ceci veut dire que les maisons sont éparpillées et beaucoup de service de base sont éloignés, même les points d’eau. C’est très loin de la côte et des grandes villes ; il ne pleut pas beaucoup et en matière de développement, ce district est très arriéré. Beaucoup de villageois vivent dans une pauvreté extrême.
Nous apprenons d’Isla que les femmes et les enfants bénéficient le plus de l’eau propre :
Hadija fait face à des problèmes que la plupart d’entre nous ne rencontrent jamais. Pour les femmes et les enfants vivant en milieu rural, l’impact d’une eau saine et propre est incroyable. Pour les enfants d’Hadija, c’est la vie qui change. « J’espère qu’ils pourront aller au lycée » dit-elle ; « après tout, qui sait ce qu’ils pourront accomplir par la suite ».
« Les mariages forcés sont toujours fréquents pour les jeunes filles scolarisées au Malawi », écrit Joseph Scott.
Martha est une jeune fille de 12 ans, timide et intelligente, de Nsanje au Malawi. Cette année, elle était supposée obtenir son Certificat d’Etudes Primaires (CEP).
Ses instituteurs croyaient qu’elle poursuivrait en cycle secondaire, car elle avait toujours été la meilleure élève de sa classe, depuis la SIL. Au dernier trimestre, elle était également la première de sa classe.
Pleine d’assurance, elle a présenté son bulletin de notes à son père. Comme tout enfant ayant obtenu d’aussi bonnes notes en classe, Martha s’attendait à être arrosée d’éloges. Mais ce n’a pas été le cas ; son père, sans grand enthousiasme, a regardé le bout de papier et l'a enfoui dans sa poche.
Ce que Martha ne savait pas, c’était que son père lui avait déjà trouvé un prétendant, et que quelques jours après, elle allait devenir la femme d’un homme assez vieux pour être son grand-père. Et pour elle, malgré ses bons résultats scolaires, ce devait être son dernier trimestre à l’école.
Joseph explique que la pauvreté et les traditions sont la cause des mariages forcés au Malawi.
A Nsanje, où Concern US travaille, le mariage a brusquement mis fin aux rêves de nombreuses jeunes filles. Quelques 12% des femmes dans ce pays sont âgées de 6 à 13 ans, et on estime que 74% de la population ici, vit en dessous du seuil de pauvreté.
Pauvreté et traditions poussent les parents à marier leurs filles quand ils estiment qu’elles sont en âge de l’être, si le prétendant verse une dot. La tendance actuelle voudrait d’ailleurs que plus la fille est jeune plus la dot est élevé.
« Environ 12% des enfants au Malawi n’atteignent pas l’âge de 15 ans », écrit Megan Christensen sur son blog à propos de décès qui seraient évitables au Malawi :
Aux États-Unis, la plupart des gens bénéficient de bons services d’adduction en eau et sanitaires, ont facilement accès à des services de santé de base et à des infirmiers et médecins en nombre suffisant, et d’assez de moyens pour se nourrir.
Par contre au Malawi, nous sommes confrontés aux pires statistiques du monde. Environ 12% des enfants au Malawi n’atteignent pas l’âge de 15 ans. Quelques 20% des enfants ici ont un poids en deçà de la normale, ce qui les prédispose à des maladies telles la pneumonie.
La diarrhée est toujours un problème assez récurrent, preuve de la mauvaise qualité de l’eau, des problèmes d’assainissement et d’hygiène, qui sont pour beaucoup dans la mortalité infantile. On estime qu’à tout moment 30% des enfants âgés de moins de 5 ans souffrent de diarrhée.
Ces décès sont évitables ou alors comme certains les qualifient « stupides ». Les enfants ne devraient pas mourir de malnutrition, Diarrhée ou d’infections banales pouvant êtres traitées facilement par des antibiotiques. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est crucial que ce programme démarre.
Aoife Gleeson en Angola parle avec Abraham, le directeur du Programme d'urgence alimentaire de l'association Concern en Angola :
Il est presque 20 heures et je n’en reviens pas que je sois toujours au boulot. La journée de travail ici en Angola commence à 7h30 ; alors, cela me semble plus long qu’une journée ordinaire. J’ai fini de travailler il y a un moment, mais je discutais avec Abraham, le directeur du Programme d'urgence alimentaire de Concern US en Angola.
Son histoire est si fascinante ; et il la raconte avec tellement de cœur et de passion que j’ai été particulièrement touché.
Abraham est né dans un petit village dans l’ouest de Éthiopie. Il est assez réservé en ce qui concerne son vrai âge, et se contente juste d’affirmer qu’il a plus de 50 ans ! En grandissant, il a mené une vie simple dans son village et, encouragé par ses parents qui étaient tous les deux illettrés, il a fréquenté l’école missionnaire du coin.
Étant élève « naturellement doué», il travaillait dur, et plus tard, il a postulé pour une bourse d’étude offerte par le gouvernement et est entré à l’Université – il était le premier de son village à le faire.
Son intérêt pour les questions de développement et d’aide aux personnes – comme il le dit « améliorer leurs conditions de vie » – n’a jamais faibli. Abraham a rejoint Concern US en Angola il y a 5 ans. Et depuis, il vit et travaille en Angola.
Ils abordent aussi le sujet de la guerre civile et des signes de guérison dans le pays :
Nous parlons de son premier voyage en Angola et il me dit qu’il se souvient d’avoir été vraiment frappé par les séquelles de la guerre qui étaient toujours si évidentes :
“Il y avait des chars abandonnés aux abords des routes, et au centre-ville, un immeuble penché sur le côté – un peu comme la Tour de Pise ; une moitié avait été détruite tandis que des gens vivaient toujours dans l’autre”.
Pour moi, la guérison de l’Angola dont parle Abraham est bien évidente. Les vieilles bâtisses ont été détruites, de nouvelles routes ont été construites ainsi que des boutiques modernes et des bureaux. Mais, ce qui ne saute pas aux yeux, ce sont ces problèmes plus profonds nécessitant plus de temps pour être résolus.
Ils parlent des efforts de développement et de leur impact sur la communauté :
Abraham me parle d’une veuve vivant dans l’une de ces communautés, qui a reçu deux chèvres il y a deux ans : « Aujourd’hui, elle a six chèvres, et a été capable d’envoyer ses enfants à l’école », explique-t-il. “Actuellement, elle remplace le toit en chaume de sa maison, par des feuilles de tôle ; ces chèvres ont vraiment transformé sa vie ».
Feargal O'Connell a rencontré Ndoole une jeune femme de 35 ans originaire de la République Démocratique du Congo :
Ndoole a 35 ans. Elle a sept enfants et a vécu dans un camp pendant sept mois jusqu’à ce qu’elle soit forcée de fuir la guerre et quitter son village natal. Elle s’est réfugiée dans un endroit appelé Bukombo avec d’autres familles de réfugiés. Nous avons arrêté de discuter avec Ndoole parce que l’un des chauffeurs de Concern, Eddie, l’aidait à utiliser son bon de caisse – pour beaucoup de participants au projet, le système des bons de paiement est quelque chose d’inédit, alors certains ont besoin d’un coup de main.
J’ai été choqué lorsque je l’ai entendu dire qu’elle voulait payer les frais de scolarité de quatre de ses enfants en âge de fréquenter l'école : une telle décision réduirait considérablement son pouvoir d’achat pour les denrées de base. Je lui ai demandé pourquoi elle utilisait 26 de ses 28 bons pour les frais de scolarité. Sa réponse a été bouleversante : « Je voudrais que mes enfants aillent à l’école, pour qu’ils aient une vie meilleure que la mienne ».