Guinée Equatoriale : Teodoro Obiang Nguema et son fils face à la justice française

Le Président de la Guinée équatoriale Teodoro Obiang Nguema a semblé plus vexé que gêné de se retrouver parmi les 30 dirigeants, dont quatre africains, qui auraient dérobé à leurs peuples des avoirs estimés à plusieurs milliards de dollars par le rapport publié en 2009 du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFDT-Terre solidaire) intitulé « Biens mal acquis, à qui profite le crime ? »!

Le président équato-guinéen que la radio nationale présente comme le “Dieu de la Guinée équatoriale”, selon Reporters sans frontières, a porté plainte contre les auteurs du rapport. Mais, la 17ème chambre du tribunal de grande instance de Paris l’a débouté le 7 octobre. Le blog de l’association Survie rapporte:

Teodoro Obiang se plaignait tout particulièrement des passages du rapport indiquant qu’il avait « installé un véritable régime autoritaire », que son clan avait amassé une fortune « estimée entre 500 et 700 millions de dollars » qui « proviendrait du détournement de la rente pétrolière ».

… Pour le tribunal, les précautions dans les formulations, la richesse des témoignages et des références du rapport incriminé ont démontré la bonne foi des rédacteurs du rapport. Par ailleurs, fait rare, le tribunal condamne le président équato-guinéen à verser 2500 euros à chacun des quatre prévenus, pour l’aspect abusif de la plainte.

Plus loin dans le même billet on peut lire cette remarque:

Les avocats du président Obiang déploraient à la sortie du procès le climat actuel en France, « défavorable aux chefs d’états africains ».

Le blog afriquejet.com publiant une dépêche de la PANA (Agence panafricaine de presse) rappelle que:

Le rapport affirme en outre que cet enrichissement proviendrait du détournement de la rente pétrolière et que 80 pc du revenu national seraient monopolisés par l’oligarchie au pouvoir à Malabo. Par ailleurs, l’association accuse dans son document le chef de l’Etat équato-guinéen et dix membres de sa famille d’avoir blanchi, entre 2000 et 2003, environ 26,5 millions de dollars en achats immobiliers. Le président équato-guinéen aurait également acquis un hôtel particulier, avenue Foch à Paris.

Ce jugement est intervenu à quelques jours à peine de la saisie par la police parisienne de 11 voitures de luxe, appartenant à Teodoro Nguema Obiang Mangue, 43 ans, fils du président et ministre de l'Agriculture et des Forêts, connu sous le surnom de “Teodorin”. Le site france-guineeequatoriale.org donne des précisions :

Deux Bugatti Veyrons, une Maserati MC12, une Porsche Carrera GT, une Ferrari Enzo et une Ferrari 599 GTO, une Aston Martin V8 V600 LM, une Rolls-Royce Phantom, un Drophead Coupé, une Bentley Azure et une Bentley Brooklands Coupé sont les onze véhicules saisis lors de cette perquisition : De 500 à 1 001 chevaux pour la puissance, de 200 000 à presque 2 millions d'euros l'unité…

L'opération décidée par la justice française s'est déroulée sous les yeux des riverains et des passants, au 42 avenue Foch, dans les beaux quartiers de Paris, à un jet de pierre de l'Arc de Triomphe.

Ce blog nous apprend aussi que cet immeuble cossu de plus de 2 000 m², pourrait appartenir à Teodorin. Et il ajoute :

Le 21 septembre dernier, les deux juges en charge de l’affaire dite des “biens mal acquis” (BMA), Roger Le Loire et René Grouman, avaient déjà ordonné une perquisition dans cet hôtel particulier.

Le site caradisiac.com publie un billet de Patrick Garcia montrant une vidéo montrant les 11 joyaux.

Contrairement à ce que laisse entendre le pouvoir à Malabo, cette action n’est pas une persécution. Il s’agit d’un rebond de l’affaire des « biens mal acquis », difficile à dissocier des révélations des médias français sur le financement des partis politiques de la part de dictateurs africains, à l’enrichissement douteux. En Effet, d’après un billet publié sur le blog afrik.com :

Le parquet de Paris a procédé mercredi à des perquisitions chez les avocats et notaires dans le cadre de l’enquête des biens mal acquis en France des chefs d’Etats africains, Denis Sassou Nguesso du Congo, Teodoro Obiang Nguema de la Guinée équatoriale et le défunt président gabonais Omar Bongo Ondimba.

Dans ce cas aussi le pouvoir de Malabo s’est senti en devoir de publier un communiqué de presse pour protester. Le site afreekelection.com publie un billet qui cite ce communiqué:

“Selon Malabo, la saisie mercredi de plusieurs véhicules appartenant à la famille du président équato-guinéen a eu lieu “justement deux jours avant que ne se tienne une nouvelle réunion à Paris pour traiter à nouveau de l'affaire du prix de la création Unesco-Obiang Nguema Mbasogo”.

La remise de ce prix créé en 2008 avait été suspendue en 2010 suite à des protestations des ONG militantes des droits humains et des personnalités de la société civile dont Mgr Desmond Tutu d’Afrique du sud, Prix Nobel pour la paix.

La dénonciation de cette initiative commence cependant  à porter ses fruits car après de longues discussions, la décision a été encore renvoyée au printemps prochain.

Avec un revenu par habitant  estimé en 2010 à $14,540, les 668,225 équato-guinéens sont classés parmi les habitants les plus riches des pays, non OCDE. Mais ce sont les statistiques qui le disent. La réalité est différente, la richesse des dirigeants est bien différente de celle de la population ! En effet, bien que ce pays soit le troisième producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne, sa population vit dans la pauvreté. L’accès à l’électricité ou à l’eau potable  relève du rêve pour beaucoup. L’espérance de vie en 2009 était de 62.37 ans le classant à la 180ème place du monde derrière des pays africains moins riches, mais mieux gérés.

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