Deux législateurs ougandais de l’opposition libérés après 17 mois de détention

Dans une capture d’écran de la vidéo Youtube des députés, Allan Ssewanyana (à gauche) et Muhammad Ssegirinya (à droite) comparaissent par vidéoconférence depuis la prison de Kigo lors de la séance du tribunal consacrée à leur demande de mise en liberté sous caution.

Deux députés ougandais, Allan Ssewanyana et Muhammad Ssegirinya du parti politique de l'opposition, National Unity Platform dirigé par la pop star devenue politicien Bobi Wine, ont été libérés sous caution après une détention de 17 mois pour meurtre dans le district de Masaka. Ssewanyana et Ssegirinya, qui ont été arrêtés le 7 septembre 2021, à peine quatre mois après leur entrée en fonction , ont été libérés sous caution le 21 septembre 2021, et de nouveau arrêtés alors qu'ils quittaient l'enceinte de la prison. Leurs tentatives de libération sous caution ont été futiles jusqu'au 13 février 2021, lorsque leur liberté a été finalement accordée. Il leur a été demandé de payer 5 400 dollars chacun et de remettre leurs passeports à la justice de manière à ce qu'ils puissent retourner au tribunal lorsque nécessaire.

En 2021, 17 personnes auraient été tuées dans le district central de Masaka en Ouganda. Les deux députés étaient parmi les personnes arrêtées en tant que suspects et détenues pendant des mois sans procès. Il n’est pas certain s’ils faisaient partie des auteurs ou si leur arrestation n’était qu’un acte de victimisation, comme par le passé lorsque des dirigeants politiques, tels que Bobi Wine et Kizza Besigye, ont été accusés de trahison, de viol, d'attroupement illégal, entre autres chefs d’accusation, ne faisant jamais l’objet de décisions définitives devant le tribunal.

Il est devenu pratique courante que les dirigeants de l’opposition et les membres de l’opposition soient arrêtés et détenus pendant de longues périodes sans procès pendant qu'une  nouvelle vague de répression s'abat sur le pays sous le président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986. Les dirigeants des partis politiques d’opposition Bobi Wine et le Dr Kizza Besigye ont été arrêté  à plusieurs reprises. Des cas de torture de victimes en détention illégale ont également été signalés, comme le cas le plus récent de Mwesigwa Eric, militant et partisan de Bobi Wine, qui est apparu avec des brûlures de fer plat sur la poitrine.

Dans certains cas, le government a utilisé le tribunal militaire pour essayer détenir des civils pendant de longues périodes sans procès.

Journal ougandais Daily Monitor a rapporté que pour que les deux députés retrouvent leur liberté, le dirigeant d'opposition au parlement  Mathias Mpuuga a dû organiser des réunions avec deux chefs d'entreprise du gouvernement:

Des sources haut placées ont déclaré que les négociations prolongées avaient abouti à une réunion de haut niveau du gouvernement sur les législateurs accusés le mois dernier. Des initiés ont déclaré que l’État disposait d’informations contre les députés Ssewanyana et Ssegirinya au sujet de leurs relations avec le présumé cardiologue d’origine ougandaise Aggrey Kiyingi, né à l’étranger, qui serait leur financier.

Lors de leur détention, les deux parlementaires ont dû faire face à une détérioration de leur santé et ont toujours demandé leur libération sous caution pour avoir un traitement de qualité. Au cours de l'audience de libération, Sswanyana avait l'air malade à travers le lien de visioconférence  de la prison de Kigo. Il s'insurgeait toujours contre son collègue, Ssegirinya.

Négociations pour la libération

Dans le même rapport, Daily Monitor a cité le porte-parole du parlement déclarant que le président et le vice se sont impliqués dans les négociations ayant vu les deux législateurs regagner leur liberté:

Chris Obore, directeur des communications et des affaires publiques au Parlement, a déclaré qu’alors qu’il n’était pas au courant des réunions mentionnées, « dès le départ, le Président et son Vice ont discuté avec le gouvernement de la question des deux députés (Ssewanyana et Ssegirinya) ».

« Le président et le vice-président ont préféré les négociations au lieu de se plier à la tribune du public », a-t-il déclaré, ajoutant :qu’ « Il y avait des problèmes que l’État avait contre les députés et le président ainsi que son vice ont déclaré que les problèmes étaient légitimes, mais qu’ils ne devraient pas [être traités d’une manière qui] donne à l’opposition un avantage de propagande. »

Dans une vidéo partagée sur Twitter par le journaliste Bahati Remmy, le ministre de la Justice et ancien chef du Parti Démocrate de l’opposition, Norbert Mao, affirme que son travail et ses efforts ont  abouti à la libération des députés. Il affirme avoir rencontré les députés en prison et leurs familles pour résoudre le problème.

Après des questions sur son silence initial, le président du parti, Robert Kyagulanyi, connu sous le nom de Bobi Wine, a fait une déclaration le 16 février, exprimant sa gratitude pour la libération des deux députés et de tous ceux qui ont appelé à leur libération. Il a dit qu’il ne leur avait pas parlé et qu’il n’avait connaissance d’aucune négociation. « Notre position reste que nous ne devons pas supplier le général Museveni pour nos droits donnés par Dieu », a écrit Wine dans le communiqué. « La suggestion selon laquelle il faut négocier avec Museveni pour obtenir une libération sous caution, ce qui devrait être entièrement une procédure judiciaire, est non seulement honteuse, mais ridicule », a-t-il poursuivi.

Lors d’une apparition sur NBS Télévision, l’ancien ministre ougandais, Kiwanda Ssuubi a déclaré qu’il ne croyait pas qu’il y avait un accord entre le gouvernement et les dirigeants de l’opposition pour que les législateurs soient libérés.

Il n’ y avait pas des  déclarations officielles des vidéos, ni des photos des deux législateurs libérés puisqu'ils n'étaient pas publiquement transférés à leur Parti et aux membres de leurs familles mais étaient plutôt conduits aux domiciles parents proches. Il est rapporté que   Ssewanyana aurait été hospitalisé, mais à l'heure actuelle, Ssegirinya est introuvable.

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