Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur le soulèvement en Syrie 2011/12.
Le 1er février 2012, la Tunisie, berceau de ce qu'on appelle le printemps arabe, a enclenché la procédure d'expulsion de l'ambassadeur de Syrie à Tunis, et de retrait de sa reconnaissance du régime syrien, une mesure qui a suivi l'attaque meurtrière lancée sur la ville de Homs depuis vendredi soir, se soldant par des milliers de morts selon le Conseil National Syrien.
La Présidence de la république tunisienne a indiqué dans une déclaration officielle publiée sur sa page Facebook [en arabe] :
Merci la Tunisie
Les internautes du monde arabe ont salué la décision de la Tunisie comme “révolutionnaire.” Quelques réactions d'internautes arabes sur Twitter :
De Djeddah en Arabie Saoudite, Ahlam Safi écrit [en arabe] :
@iAhlamSafi: ولتونس علينا حقا.. أرض السابقين الأولين في الثورة.. أول دولة تسقط شرعية بشار وترفض الاعتراف بنظامه #ArabSpring #Tunisia #Syria #pray4syria
L'Algérienne Melissa Rahmouni ajoute :
@MelissaRahmouni: Je suis heureuse du soutien de la #Tunisie au combat des syriens pour la #liberté. #syrie
Du Koweït, l'écrivain Saadiah Mufarreh tweete [en arabe] :
Et le Syrien Geo de remercier la Tunisie de la part du peuple syrien :
@CitizenGeo: De la #Syrie à la #Tunisie Merci de votre humanité
La décision divise les internautes
En Tunisie, la décision du Président de rompre les relations avec le régime syrien ne fait pas l'unanimité des internautes. Ceux pour qui la décision n'est pas bienvenue s'inquiètent de la sécurité des expatriés tunisiens en Syrie.
@ElyssaDidon tweete :
@ElyssaDidon: La #tunisie aurait du rapatrier ses siens avant d'expulser l'ambassadeur syrien! #Syrie
et insiste dans un autre tweet :
@ElyssaDidon: J'appuie la decision d'expulser l'ambsdr 2 la #Syrie en #Tunisie msj'aurais préféré la prse 2mesures pr prtger les tunisiens sur plce d'abrd
Le blogueur et journaliste Haythem El Mekki estime la décision “très courageuse, et très risquée”. Sur son blog, il écrit [en arabe] :
بشار الأسد (و ماهر خوه خاصة) سفاح دموي و يجب خلعه، لا شك في ذلك. حزب البعث نظام وحشي ظالم و يجب اسقاطه، هذا أكيد. الثورة السورية بدأها الشعب السوري الطامح إلى الحرية و القضاء على الإستبداد، و يجب مساندته في مطالبه، هذا واجب.
لكن في المقابل، يبدو جليا لكل مراقب يقظ أن ما يحصل الآن في سوريا من نزاعات مسلحة و التغطية الإعلامية الحافلة بالتهويل و الفبركة لقناتي الجزيرة و العربية (يعني قطر و السعودية) مع إحتضان تركيا و قطر (حلفاء أمريكا الإستراتيجيين في المنطقة، حاضنو قواعدها العسكرية) للمعارضة السورية، كل هذا يبرز أن سيناريو ليبيا بصدد التكرار، و أن الولايات المتحدة الأمريكية تواصل تشكيل خارطة الشرق الأوسط الجديد… يأتي قرار الحكومة التونسية المؤقتة بطرد السفير السوري في تونس و سحب الإعتراف بنظام بشار الأسد. قرار في غاية الجرأة و الخطورة، و يعكس موقفا شديد الوضوح في التموقع الجلي إلى جوار أحد أطراف الصراع ضد الطرف الآخر بصفة جذرية و نهائية، خاصة و أننا نكون بهذا أول بلاد في العالم تقوم بذلك.
Bachar Al Assad (et surtout son frère), est un boucher sanguinaire et il devrait être chassé. Il n'y a aucun doute là-dessus. Le parti Baas est un système monstrueux et injuste qui devrait être renversé. C'est une certitude. La révolution syrienne a été lancée par le peuple syrien à la recherche de sa liberté et de la fin de l'oppression. Soutenir les Syriens dans leurs revendications est un devoir.
Mais, d'un autre côté, il est évident pour tout observateur attentif que ce qui se passe en ce moment en Syrie avec les conflits armés, et la médiatisation à outrance et fabriquée des chaînes Al Jazeera et Al Arabiya (autrement dit, le Qatar et l'Arabie Saoudite), avec la Turquie et le Qatar (deux alliés stratégiques des USA qui ont des bases militaires dans ces pays), endossant l'opposition syrienne, prouve que le scénario libyen est sur le point d'être rejoué, et que les USA continuent à dessiner la carte du nouveau Moyen-Orient…La décision du gouvernement provisoire tunisien d'expulser l'ambassadeur syrien, et de retirer sa reconnaissance au régime de Bachar Al Assad, est une décision très courageuse et très risquée, qui reflète une position très claire de prendre le côté d'une partie au conflit, contre l'autre, d'une manière extrême, sans retour, surtout que nous sommes le premier pays au monde à faire ce pas.
Linda Ben Osman pense que ce n'est pas seulement l'ambassadeur de Syrie, mais tous les ambassadeurs de pays qui ont commis des massacres, et des violations des droits humains, qu'il faut expulser. Elle écrit :
Si l'on vire l'ambassadeur syrien pour massacres commis par son pays, il me semble logique que l'on en vire d'autres, à commencer par ceux de tous les pays arabes, et plus spécialement le Qatar et l'Arabie Saoudite, non seulement pour abus commis par leurs pays à l'encontre de leurs peuples et des chiites plus spécifiquement, mais aussi à l'encontre des Bahreïnis aujourd'hui colonisés.
Que l'on vire, l'ambassadeur chinois, pour massacre des tibétains et l'ambassadeur américain, pour massacre des palestiniens, irakiens et afghans pour ne citer qu'eux, et pour torture et abus de pouvoir, et pour maltraitance et violences policières envers les manifestant d'Occupy, pour Guantanamo, et, et, et…
Virons l'ambassadeur français, pays dont le Ministre de l'Intérieur considère que toutes le civilisations ne se valent pas, et qui traite les immigrés illégaux comme des moins que rien.
Virons aussi l'ambassadeur russe pour massacre des tchétchènes…
Elle conclut :
nous, tunisiens révolutionnaires, voulons soutenir tous les peuples lésés par leurs gouverneurs, et si virer les ambassadeurs est la solution adéquate pour montrer notre solidarité , alors soit, virons-les tous!
Sur Twitter, @tounsiahourra défend vigoureusement la décision du Président [en arabe] :
Et elle ajoute dans un autre tweet [en arabe] :
@The_Fan de conclure :
@The_Fan: Je ne comprends pas l'attaque sur la decision diplomatique de la #tunisie, on est quand meme avec la revolution syrienne #syrie non ?
Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur le soulèvement en Syrie 2011/12.
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