Le hip-hop n'est pas né d'aujourd'hui en Asie, même si c'est un art presque toujours catégorisé comme un genre non mainstream ou indie. Dans la plus grande partie de l'Asie, les traditions orales constituent une forme artistique populaire mais en voie de disparition. Un contexte où le hip-hop est devenu une façon non conventionnelle de raconter des histoires apte à séduire la jeunesse.
Indonésie
Premier exemple : la rappeuse Take Yacko, également chargée de cours à l'université et mère. Depuis plus de dix ans elle brise les stéréotypes de l'activité et de l'habillement de la femme musulmane indonésienne. Sa dernière chanson “Thang” dit comment elle va faire les choses qu'elle aime hors de la pression ou du jugement d'autrui. Yacko rappe presque exclusivement en anglais.
Brian Imanuel (a.k.a Rich Chigga) n'a que 17 ans, et habite Jakarta. Son single “Dat Stick” lancé cette année a atteint la 4ème place au classement du Billboard Bubble Up dès sa première semaine. Ce qui fait de lui le premier youtubeur indonésien à s'introduire dans le Billboard Chart. Son vidéo-clip auto-produit où on le voit se balancer en polo blanc boutonné et sac banane, puis rebondir sur le canapé probablement familial a reçu les éloges du célèbre rappeur américain Ghostface Killah. Un peu plus tard, ce dernier, l'un des membres fondateurs du groupe rap de la côte Est Wu Tang Clan, est apparu dans la version remix de Dat Stick.
Timor Oriental
Le monde lusophone s'est enrichi de Anuku Lorosae. Contraint par la guerre à quitter sa ville natale du Timor Oriental à l'âge de 9 ans, Paulo Egidio Carvalho Dos Santos (son vrai nom) vit aujourd'hui au Royaume-Uni.
Il s'est mis au rap au Portugal en 2002, avec un groupe appelé Rap Firma ; c'est alors qu'il a pris le surnom Anuku Lorosae. Son petit nom à la maison est Anuku. “Lorosae” est un mot tetun [NdT : La langue du Timor oriental] qui veut dire “soleil levant”, une allusion au Timor-Oriental, aussi appelé Pays du soleil levant.
Il rappe en trois langues : tetun, portugais et créole. Dans sa chanson récente “Kata Intimida,” Anuku parle de son combat personnel et de l'histoire du Timor Oriental face à l'occupation indonésienne. Les paroles expriment son indignation contre les politiciens violents et la disparité scandaleuse entre les élites et les pauvres dans un pays démocratique libre.
Quand on lui demande quel message il souhaite faire passer avec sa musique, Anuku répond :
A vida é assim prega nos supresas, a minha vivência, experiências q tive é óbvio relatar a realidade que ronda em nosso redor principalmente na minha pátria timor Leste. Quero fazer que poucos hoje fazem hoje em dia que é tentar abrir mais visões para os mais novos.
La vie est ainsi, elle nous joue des tours, mon vécu, les expériences que j'ai eues, à l'évidence racontent la réalité qui nous entoure, surtout dans mon pays le Timor oriental. Je veux faire ce que peu font aujourd'hui : tenter d'ouvrir plus de visions pour ce qui est nouveau.
Philippines
Les artistes d'ascendance philippine ont probablement été les premiers à percer dans le courant général du hip hop. Les Filipino-Américains stars (en abrégé Fil-Am) sont Chad Hugo de N.E.R.D et Allan Pineda Lindo (son nom de scène est apl.de.ap) des Black Eyed Peas.
Philippines MC Mike Swift, né Michael Olave, conjugue son amour du rap et du basket-ball au militantisme. Avec son projet Pinoy Hoops, il a fait venir des superstars du basket comme Lebron James, Jordan Clarkson et Paul George à Tenement, une zone urbaine miséreuse de Taguig City, aux Philippines.
Chine
Le groupe hip hop de Chine continentale Higher Brothers suscite l'euphorie de la scène underground malgré les censeurs du web.
Ils font partie de ces quelques talents chinois à pratiquer le dialecte du Sichuan, la province du sud-ouest loin de l'épicentre du hip hop qu'est Pékin.
Leur dernière oeuvre, Isabellae, parle d'ambition et de travail acharné. La chanson a été produite par Ernest Brown alias Charlie Heat, qui travaillait précédemment avec les champions des hit-parades comme Kanye West, Ty Dolla $ign et Pusha T.
Japon
Grandi en logement social, le rappeur Kohh dit qu'il s'est mis au hip hop pour échapper à la violence de rue et aux drogues. Bien que le hip hop soit mal vu au Japon, il est déterminé à faire mieux accepter ce genre au public. Il rappe sur son vécu personnel et les difficultés au milieu desquelles ses amis et lui ont grandi.
Koreatown, USA
Dumbfounded (‘éberlué”, NdT), d'origine coréenne, introduit des sujets percutants dans ses textes, comme le blanchiment par Hollywood dans sa chanson ‘Safe‘ et la violence des armes à feu dans son tube ‘Harambe’. Ce dernier a été dans les premiers du classement Global Spotify Viral.