La croissance de l'Afrique sous la loupe

[liens en anglais] Alors que la Banque Africaine de Développement annonçait il y a trois jours qu'elle abaissait sa prévision de croissance pour l'Afrique sous l'effet des troubles dans diverses régions du continent, le taux de retour sur l'investissement étranger est plus élevé en Afrique que partout ailleurs dans le monde en développement.

Pourtant, la perception de nombreux investisseurs est que faire des affaires en Afrique est une proposition à risques et que ce continent n'a pas atteint le statut de terre d'opportunités.

De nombreuses réalisations ont prouvé l'inexactitude de cette perception. Dans cette vidéo de l'Organisation pour la Coopération et le Développement (OCDE), Donald Kaberuka et d'autres spécialistes discutent de l'Afrique comme une nouvelle frontière des marchés émergents :

Eric Kacou à Kigali est d'avis que ce qu'il faut pour réussir sur le continent est une nouvelle catégorie d'entrepreneurs, ceux qu'il appelle les “Entrepreneurs Archimède”. Kacou s'en explique :

à part l'étincelle inhabituelle dans les yeux, il combine l'obsession de réussir et la détermination morale de sorte que son coeur le mènera dans la bonne direction, où qu'elle soit.

Un entrepreneur de téléphonie de rue près de Church Square à Pretoria, Afrique du Sud. Photo sur Flickr de The Wandering Angel (CC BY 2.0).

Outre la reconnaissance de véritables potentiels, de nombreux entrepreneurs africains ne font que combattre la perception générale de morosité et de sinistrose inspirée par le continent. Ainsi, Donald Bobiash, Directeur Général Afrique pour les Affaires étrangères et le commerce international du Canada, caractérise en ces termes la conférence “Africa Rising” (L'Afrique se lève’) qui s'est tenue à Toronto les 14 et 15 mars derniers :

Pendant que les médias se plaisent à parler de ce qui va mal en Afrique, nous sommes ici pour parler de ce qui y va bien.

Certes, comme l'a souligné une analyse de The Economist au début de l'année :

Dans la décennie qui a précédé 2010, six des dix économies à la croissance la plus rapide dans le monde se trouvaient en Afrique sub-saharienne

La raison de cette croissance rapide dans la région n'est malgré tout pas univoque. Dans un rapport du Mckinsey Global Institute, Acha Leke et al. dévident les divers facteurs de la croissance africaine :

..cependant le boom des matières premières n'explique qu'en partie la croissance globale de l'Afrique. Les ressources naturelles, et les dépenses publiques en rapport qu'elles ont financées, n'ont généré que 32 % de la croissance du PIB africain de 2000 à 2008. Les deux tiers restants provenaient d'autres secteurs, le commerce de gros et de détail, les transports, les télécommunications et l'industrie manufacturière.

Les entrepreneurs incarnent ce mouvement en plein essor consistant à saisir les opportunités que présente le continent. Tal Dehtiar de Oliberté Shoes – un fabricant de chaussures qui a des usines en Ethiopie et au Liberia- est l'un d'eux. Il explique sur un blog intitulé “Oliberté, This is Africa“ les raisons d'investir en Afrique:

Nous n'avons jamais et ne voyons toujours pas une Afrique catégorisée par des généralisations négatives. Oliberté croit qu'avec les bons partenaires, chaque pays en Afrique a les moyens de croître et de faire vivre sa population

Beaucoup d'entrepreneurs africains sont convaincus que si le triple résultat : financier, social, environnemental est le nouveau leitmotiv des sociétés qui investissent dans les pays en développement, un fait qui doit être affirmé haut et clair est que l'Afrique ne pourra pas soutenir la croissance avec les seul fonds de la “micro-finance”, et le financement d'une femme avec “50 dollars US”.

Différence de taille moyenne de transaction entre actionnariat et fonds internationaux de développement. Diagramme élaboré par l'auteur du présent article

African Entrepreneur explique :

Développement, social et micro-finance ne sont pas mauvais. Ils ont leur rôle et aident effectivement des millions à sortir de la pauvreté. Mais l'Afrique ne peut pas se développer en essayant simplement de ne pas être pauvre. Il nous faut un véritable financement en millions de dollars pour l'innovation africaine. Y a-t-il un risque ? Bien sûr il y en a, mais pas plus que pour investir dans une animalerie en ligne dans la Silicon Valley.

Elle poursuit en citant Mfonobong Nsehe qui écrivait dans un article de Forbes :

L'Afrique a ses Mark Zuckerberg, Andrew Mason, Mark Pincus, Larry Page et Sergey Brin. Mais il lui manque ses Yuri Milner, John Doerr, Vinod Khosla et Y Combinator. […] Les Africains peuvent créer des produits de haute technologie promis à un énorme succès qui soulèveront d'enthousiasme le monde. Il y a par ici plusieurs entrepreneurs qui ne demandent qu'à percer, mais leurs idées pourraient ne jamais voir le jour faute d'amorce de financement.

La conférence Africa Rising s'est conclue sur ces remarques du Dr John Preece:

Le sentiment global était de positivité et potentiel élevés, avec les perceptions générales de l'Afrique ne correspondant pas à la réalité d'une croissance économique solide et d'une exceptionnelle créativité (ça m'a souvent fait penser à Hans Rosling dans un TEDtalk : Puissent mes données modifier vos idées)”.

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