Netizen Report : Les défenseurs en ligne des Rohingya face à la censure et aux menaces de poursuites judiciaires

Image satellite d’Human Rights Watch. « L’armée birmane est directement responsable des incendies de masse de villages rohingyas dans l’État de Rakhine », indique le directeur adjoint pour l’Asie de HRW.

Le Netizen Report de Global Voices offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

Au cours des dernières semaines, les violences qui ont éclaté au nord-ouest du Myanmar (Birmanie) ont régulièrement fait la une. Plus de 100 000 personnes du groupe ethnique des Rohingya ont été déplacées à cause des opérations de nettoyage menées par l’armée birmane, en réponse aux attaques perpétrées par un groupe d’insurgés pro-Rohingya. Des dizaines de milliers de réfugiés, en majorité de confession musulmane, passent la frontière pour entrer au Bangladesh et échapper ainsi aux combats.

La crise est largement suivie par de nombreux médias, des agences de presse traditionnelles aux médias indépendants rohingyas comme Rohingya Blogger. Malgré cela, obtenir des informations précises relatives au conflit reste compliqué, car les journalistes locaux et étrangers ont des difficultés à accéder aux zones concernées et les médias locaux ont depuis longtemps l’interdiction de couvrir les sujets liés aux Rohingya sous peine de sanctions. Aung San Suu Kyi, dirigeante de facto du Myanmar, a même accusé plusieurs médias de désinformation à ce sujet. Son gouvernement a mis en place une page Facebook, l’Information Committee, qui prétend fournir des informations vérifiées relatives au conflit.

Une vaste propagande anti-Rohingya est également menée en ligne, afin de renforcer l’affirmation faite par le gouvernement du Myanmar que les Rohingya nés en Birmanie sont en fait des Bengalis, des immigrants sans papiers en provenance du Bangladesh. Si nombre de ce type de messages ont circulé, les chercheurs ont remarqué un pic de 1500 nouveaux comptes Twitter après les affrontements du 25 août. Les comptes en question diffusent des messages pro-gouvernementaux et sont accompagnés de mots-clics tels que #Bengali et #BengaliTerrorists. Il est difficile de savoir qui se cache derrière ces comptes.

Le conflit représente un sujet sensible sur les réseaux sociaux en Asie du Sud et du Sud-Est, ainsi qu’une source de division aussi bien pour les citoyens que les gouvernements de la région.

En Indonésie, pays à majorité musulmane, un journaliste chevronné a été accusé de diffamation pour avoir comparé l’ancienne présidente indonésienne Megawati Sukarnoputri à Aung San Suu Kyi dans une publication Facebook.

Dans la publication en question, Dandhy Dwi Laksono, journaliste et réalisateur de documentaires, écrit que si le gouvernement birman est critiqué pour son traitement des Rohingya, le gouvernement indonésien devrait être tenu pour responsable de la répression contre le mouvement d’indépendance en Papouasie occidentale. Ensuite, il compare le silence d’Aung San Suu Kyi au sujet de la persécution des Rohingya au rôle joué par Megawati Sukarnoputri, dirigeante du parti au pouvoir en Indonésie, qui a récemment intensifié la répression envers les défenseurs de l’indépendance de la Papouasie occidentale. S’il est poursuivi et condamné pour diffamation, il pourrait risquer jusqu’à quatre ans de prison.

Signes d’un génocide des musulmans rohingya. 1er décembre

De l’autre côté du paysage politique, le gouvernement indien a demandé que Twitter censure à l'échelle locale le tweet ci-dessus qui exprime sa solidarité avec les Rohingya. Selon les estimations, 40 000 Rohingya vivent en Inde, où leur statut de citoyen est menacé au niveau juridique à cause de récents efforts de législateurs conservateurs de les convertir en immigrants « illégaux ».

Un défenseur palestinien des droits de l’homme arrêté pour une publication sur Facebook

Le défenseur palestinien des droits de l’homme Issa Amro, a été arrêté par l’Autorité palestinienne après avoir condamné sur Facebook l’arrestation d’un journaliste. Sa publication, qui n'est désormais plus accessible, dénonce l’arrestation d’Ayman Qawasmi pour avoir ouvertement critiqué l’Autorité palestinienne et demandé la démission du président et du Premier ministre. Ayman Qawasmi a été libéré, mais Issa Amro reste en détention, accusé d’attiser les tensions interconfessionnelles et de s’exprimer avec « insolence ».

Issa Amro attend également le jugement d’une cour militaire israélienne pour des accusations contestées relatives à ses activités politiques. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a publié une déclaration dans laquelle il exprime son inquiétude suite à cette arrestation et réclame la libération du détenu.

Des journalistes salvadoriens cibles de violentes menaces sur les réseaux sociaux

El Faro et Revista Factum, deux sites web d’information indépendants réputés du Salvador, ont reçu sur les réseaux sociaux de violentes menaces visant des journalistes spécifiques qui couvrent des affaires de corruption au sein du système de justice pénale. L’un des tweets indiquait que les journalistes d’El Faro et de Revista Factum « finiraient comme Christian Poveda », un journaliste franco-espagnol tué par des membres du gang Mara Salvatrucha en 2009.

Le chef de la police nationale du Salvador, Howard Cotto, et le vice-président Oscar Ortiz ont indiqué qu’ils avaient pris connaissance de rapports faisant état d’activités illégales de la part d’officiers de police et ont promis d’ouvrir une enquête.

Des activistes japonais piétinent des tweets haineux

Des manifestants, réunis devant le siège de Twitter à Tokyo, ont réclamé que la société prenne davantage de mesures pour lutter contre les propos haineux. Tokyo No Hate, un collectif d’activistes bénévoles, a tenu les rênes de la manifestation en couvrant le trottoir devant les bureaux de tweets violents que les manifestants ont piétinés avant de les froisser et de les déposer dans des poubelles de recyclage.

Le Chili intensifie la conservation des données

Un décret confidentiel du gouvernement chilien, rendu public récemment par des journalistes, modifie la législation nationale relative à l’interception des communications. Il augmente la durée de conservation imposée aux sociétés des données provenant de communications numériques réalisées au Chili, la faisant passer d’une année à deux, et exige que ces sociétés conservent des métadonnées supplémentaires. Le décret contient des clauses qui pourraient entraver l’utilisation des technologies de chiffrement, susceptibles de gêner l’accès à de telles informations. Le groupe de défense des libertés numériques, Derechos Digitales, basé à Santiago, déclare que la loi pourrait être anticonstitutionnelle.

Pour diriger un groupe de discussion en Chine, préparez-vous à censurer vos amis

En Chine, de nouvelles réglementations rendront les administrateurs de groupes de discussions responsables, y compris pénalement, des messages contenant des déclarations politiquement sensibles, des rumeurs, de la violence ou de la pornographie, ainsi que des informations sur Hong Kong ou Macao qui « n’ont pas été rapportées par des organismes médiatiques officiels ». Ce renforcement des mesures de régulation du contenu publié en ligne, qui ne se limite plus aux fonctionnaires gouvernementaux et aux sociétés, mais s’étend désormais aux utilisateurs eux-mêmes, représente un virage politique majeur.

Les nouvelles règles requièrent également que les fournisseurs de services de discussions en ligne, comme WeChat et QQ, vérifient l’identité des utilisateurs et conservent l’historique des discussions de groupe au moins six mois. Elles demandent aux sociétés de modérer l’accès des utilisateurs aux services selon leur niveau de « crédit social » : les internautes qui enfreignent les règles pourraient se voir retirer leur droit d’administrer des discussions de groupe et faire l’objet d’une dénonciation aux autorités.

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