Netizen Report : Censure tous azimuts au Bangladesh avant les électionsNetizen Report: Bangladeshis see censorship on all sides as elections approach

Une affiche électorale le la Première Ministre Sheikh Hasina en 2014. Photo de Adam Jones via Flickr (CC BY-SA 2.0)

Le Netizen Report de Global Voices Advox offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde. Le présent numéro traite d’informations et d’événements relevés entre le 4 au 21 Décembre, 2018.

Alors qu'ils se préparent pour les élections générales du 30 décembre, les Bangladais sont confrontés à des tensions politiques de plus en plus fortes tant dans la rue que sur internet.

Des milliers de manifestants et membres de partis d'opposition ont été arrêtés et/ou poursuivis en justice à l'approche des élections, ce qui pourrait faire perdre le pouvoir au parti de droite, la ligue Awami.

Les spécialistes ont également mis en doute l'impartialité de la Commission électorale qui a rejeté les candidatures de 141 membres du principal parti d'opposition, le Parti National Bangladais (BNP). La plupart d'entre elles ont été approuvées en appel, mais leur rejet initial a envoyé un signal clair quant au coût élevé de la contestation du parti au pouvoir.

Dans une déclaration du 13 décembre, Brad Adams, le directeur de Human Rights Watch Asie, a réprimandé la Ligue Awami pour la répression et ses effets sur le processus démocratique. “Le gouvernement de la Ligue Awami a systématiquement réprimé les voix indépendantes et de l'opposition pour s'assurer que le parti au pouvoir ne trouve aucun obstacle à un contrôle politique total,” a-t-il déclaré.

Les activités et informations politiques sont également ciblées en ligne. Le site officiel du BNP a été bloqué la semaine dernière, laissant les électeurs dans l'impossibilité d'accéder à des informations importantes sur les candidats et les programmes du parti. Après avoir déclaré dans un premier temps ignorer la raison du blocage, la commission de réglementation des télécommunications du Bangladesh (BTRC) a affirmé que le site web présentait “un contenu inapproprié” susceptible de troubler l'ordre public. Le BTRC a le pouvoir de bloquer unilatéralement tout site web pour des raisons de sécurité nationale –sans approbation préalable d'un tribunal.

Parallèlement, cinq candidats de l'opposition ont été poursuivis en vertu de la controversée Loi sur la sécurité numérique, qui est entrée en vigueur en septembre 2018. Et le 10 décembre, le BTRC a temporairement bloqué 58 sites web pour des raisons de sécurité nationale, arguant qu'ils contenaient “des informations fausses et sans fondement.” Bien que la liste des sites web bloqués (le Dakha Tribune a publié une liste complète) ait inclus certains sites diffusant de la désinformation susceptible de générer des conflits, d'autres étaient des sites légitimes d'informations et de commentaires politiques, ou des sites appartenant au BNP.

Les entreprises de médias sociaux retirent également du matériel du web afin de réduire les campagnes de désinformation en ligne au Bangladesh. Facebook a rapporté avoir retiré le 20 décembre neuf pages comportant près de 12.000 abonnés, du fait qu'ils faisaient preuve “d'agissements inauthentiques coordonnés” qui selon l'entreprise, étaient liés au gouvernement du Bangladesh. Il s'agit notamment de “BBC-Bangla” et “BDSnews24”, des imitations respectives de BBC Bengali et BDnews24, un site d'information local légitime et ancien partenaire de Global Voices. Le service de sécurité de Twitter a également rapporté avoir suspendu 15 comptes pour des motifs semblables.

Les processus d'identification et de censure de comptes éventuellement malveillants des deux entreprises ne comportent aucun mécanisme indépendant de surveillance ou de transparence.

Les opérateurs de télécommunications au Soudan bloquent Facebook, WhatsApp, Twitter

Les gens descendent dans les rues de plusieurs villes du Soudan, exprimant leur mécontentement général face au gouvernement en place et à l'augmentation des prix du carburant et du pain. Les manifestations sont devenues violentes et huit personnes sont mortes dans des affrontements avec la police anti-émeute. Des tests techniques de Net Blocks, un groupe de la société civile coordonnant l'analyse technique de la censure sur internet, indiquent qu'au 21 décembre, plusieurs fournisseurs de service internet bloquaient Facebook, WhatsApp, Twitter et une multitude de sites web locaux.

Les Iraniens se font virer de Slack — même en étant hors d'Iran

Le 19 décembre, un informaticien de l'Université de Colombie Britannique a été sommairement expulsé de Slack, la populaire plateforme de travail collaboratif, au motif que son utilisation violait les sanctions américaines contre l'Iran. Amir Abdi qui vit et travaille au Canada, est originaire d'Iran où Slack n'est pas présent en raison des sanctions américaines qui restreignent la commercialisation des technologies américaines dans ce pays. Plusieurs personnes ayant des liens avec l'Iran ont indiqué que leurs comptes avaient été supprimés par Slack pour les mêmes raisons. Pourquoi la plateforme a-t-elle brusquement décidé de le mettre à la porte? Les sanctions sont-elles maintenant faites sur la base de la nationalité plutôt que du droit ? C'est trop tôt pour le dire. En réponse aux questions de la presse, un port-parole de Slack n'a fourni qu'un texte standard concernant les sanctions sans aucune précision.

Les ‘victimes des médias sociaux’ d'Inde risquent la prison

Une étude exhaustive de The Mint révèle que depuis le début de 2017, au moins 50 personnes avaient été arrêtées et emprisonnées en Inde pour des messages diffusés sur les réseaux sociaux. Le site d'actualités économiques appartenant à HT Media (société mère du Hindustan Times) a interrogé plusieurs accusés et trouva que la majorité d'entre eux étaient des musulmans à faible revenu,et relativement peu habitués à l'usage d'internet. Dans la plupart des cas, ils étaient accusés d'avoir critiqué le premier ministre ou le parti au pouvoir. Les autorités ont porté les accusations contre eux en vertu de la loi indienne sur les technologies de l'information et des articles du code pénal traitant de la sédition et de l'obscénité.

Les autorités de Singapour poursuivent The Online Citizen

Le site singapourien indépendant d'informations et de commentaire The Online Citizen (TOC) fait l'objet d'une enquête criminelle en diffamation pour avoir publié une lettre accusant de corruption des hauts fonctionnaires du gouvernement. La lettre a été écrite par Willy Sum, un critique du gouvernement. Le 20 novembre, la police a opéré une descente au domicile du rédacteur en chef du TOC,Terry Xu, et confisqué ses ordinateurs et autres équipements, et força le site web d'informations à déclarer un arrêt de la publication. Xu a été aussi interrogé par la police durant huit heures. TOC a retiré la lettre prétendument diffamatoire dès qu'il a reçu un avis de retrait de l'Infocomm Media Development Authority (IMDA), une agence du gouvernement singapourien. TOC est rétabli en ligne, en ce moment.

Israël veut que les philanthropes allemands cessent de soutenir les ONG et les médias indépendants

Les responsables allemands ont reçu une lettre du gouvernement israélien leur demandant de faire pression sur deux organisations philanthropiques, les Fondations Heinrich Böll et Rosa Luxemburg, pour qu'elles arrêtent de soutenir plusieurs organisations israéliennes des droits humains et de la société civile, notamment le magazine indépendant en ligne +972.En apprenant l'existence de cette lettre, un chargé de communication de la Fondation Heinrich Böll a dit aux journalistes, “[Une attaque contre un] magazine critique comme +972, qui reflète la diversité des opinions en Israël, est aussi une attaque contre les journalistes célèbres d’Israël”.

Selon le site d'information allemand Die Tageszeitung, la lettre mentionne spécifiquement +972, affirmant que ses auteurs “accusent régulièrement Israël d'apartheid.” +972, qui tire son nom de l'indicatif de téléphone du pays identique pour Israël et la Palestine, est une publication indépendante, propriété partagée d'un groupe d'auteurs israéliens et palestiniens qui n'a reçu que 9% de son financement des deux fondations en 2018. Le personnel s'est engagé à continuer “ à mener un journalisme indépendant déterminé à mettre fin à l'occupation et à promouvoir les valeurs démocratiques et les droits humains en Israël-Palestine.”

#100jourspourAlaa: des sympathisants font pression pour la libération à la date prévue de l'activiste égyptien incarcéré

La famille du blogueur et activiste égyptien Alaa Abd El Fattah anticipe sur le système judiciaire du pays en plaidant pour sa rapide sortie de prison, fixée au 17 mars 2019. Alaa a été arrêté et emprisonné en novembre 2013. En février 2015, il a finalement été jugé pour avoir “organisé” une manifestation non autorisée, et condamné à cinq ans de détention. S'il a participé à une marche contre les procès militaires de civils le 26 novembre 2013, Alaa n'a joué aucun rôle dans sa préparation.

La date de libération d'Alaa en mars ne marquera pas la fin de sa peine, mais plutôt une transition vers la phase finale de celle-ci. Après sa sortie, Alaa sera obligé de dormir chaque nuit à son poste de police local durant cinq années supplémentaires.

RECTIFICATIF [31 décembre 2018]: Une version antérieure de ce rapport identifiait le site web bloqué bdpolitico.com comme étant le blog du journaliste britannique David Bergman. En réalité, Bergman est l'auteur de bangladeshpolitico.blogspot.com, un site distinct. Bien que le site de Bergman soit bloqué dans le pays sur certains FAI, il n'a pas été bloqué dans cet épisode particulier.

Nouvelles études

 

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Afef Abrougui, Joey Ayoub, Rohith Jyothish, Oiwan Lam, Elizabeth Rivera, Taisa Sganzerla, Ivan Sigal, et Ellery Roberts Biddle ont été les rédacteurs de ce rapport.

An election poster for PM Sheikh Hasina from 2014. Photo by Adam Jones via Flickr (CC BY-SA 2.0)

The Advox Netizen Report offers an international snapshot of challenges, victories, and emerging trends in internet rights around the world. This report covers news and events from December 4 – 21, 2018.

As they prepare for general elections on December 30, Bangladeshis are navigating soaring political tensions both on the streets and online.

Thousands of protesters and opposition party members have been arrested and many prosecuted in the lead-up to the elections, which could remove the right-leaning Awami League party from power.

Experts also have called into question the impartiality of the Election Commission which rejected the candidacy applications of 141 members of the leading opposition Bangladesh Nationalist Party (BNP). Most of these were approved on appeal,but their initial rejection sent a clear signal about the high cost of contesting the ruling party.

In a December 13 statement, Human Rights Watch Asia Director Brad Adams berated the Awami League for the crackdown and its effects on the democratic process. “The Awami League government has been systematically cracking down on independent and opposition voices to ensure that the ruling party faces no obstacles to total political control,” he said.

Political activity and news are also being targeted online. The official website of the BNP was was blocked last week, leaving voters unable to access critical information about the party’s candidates and platforms. After initially claiming ignorance about the reason behind the block, the Bangladesh Telecommunication Regulatory Commission (BTRC) claimed the website presented “distasteful” content that could harm law and order. The BTRC has the power to unilaterally block websites on national security grounds — it is not required to obtain court approval.

In tandem, five opposition candidates were sued under the controversial Digital Security Act, which took effect in September 2018. And on December 10, the BTRC temporarily blocked 58 websites on national security grounds, arguing that they contained “fake and baseless news reports.” Although the list of blocked websites (the Dhaka Tribune published a complete list) included some that were spreading disinformation likely intended to seed conflict, others are legitimate news and political commentary sites, or sites belonging to the BNP.

Social media companies are also removing some material from the web in an effort to reduce disinformation campaigns online in Bangladesh. Facebook reported on December 20 that it had taken down nine pages with nearly 12,000 followers, reasoning that they were exhibiting “coordinated inauthentic behavior” that the company says was linked to the Bangladeshi government. These included “BBC-Bangla”, an imitation of BBC Bengali and “BDSnews24”, an imitation of BDnews24, a legitimate local news site and former partner of Global Voices. Twitter’s Safety account also reported having suspended 15 accounts on similar grounds.

Both companies’ processes for identifying and censuring potentially malicious accounts carry no independent oversight or transparency mechanism.

Telcos in Sudan are blocking Facebook, WhatsApp, Twitter

People are taking to the streets in multiple cities in Sudan, expressing outrage over rising costs of fuel and bread, and overall discontent with the ruling government. Demonstrations have turned violent and eight protesters have died in clashes with riot police. Technical tests by Net Blocks, a civil society group that coordinates technical analysis of internet censorship, indicate that multiple internet service providers were blocking Facebook, WhatsApp, Twitter and multiple local websites as of December 21.

Iranians are getting kicked off Slack — even when they’re not in Iran

A computer scientist at the University of British Columbia was summarily booted from Slack, the popular co-working platform, on December 19, on grounds that his usage of the platform violated US sanctions against Iran. Amir Abdi lives and works in Canada, but is originally from Iran, where Slack is unavailable due to US sanctions restricting the sale of US-made technology in the country. Several people with links to Iran have reported that their accounts had been deleted by Slack on the same grounds. Why did the platform suddenly decide to show him the door? Does this mean sanctions are now being applied on the basis of users’ nationalities, rather than jurisdiction? It’s too soon to say. Responding to press inquiries, a Slack spokesperson provided only boilerplate text concerning sanctions and offered no specifics

India’s ‘social media victims’ face jail time

An in-depth report by The Mint found that at least 50 people in India have been arrested and jailed for their social media posts since the start of 2017. The business news site owned by HT Media (Hindustan Times’ parent company) interviewed multiple defendants and found that the majority of those arrested were Muslim, low-income and relatively new to using the internet. In most cases, they were booked for criticizing either the Prime Minister or the ruling party. Authorities have brought charges against the defendants under India’s IT Act and penal code sections that address sedition and obscenity.

Singaporean authorities go after The Online Citizen

Singaporean independent news and commentary site The Online Citizen (TOC) is facing a criminal defamation probe for publishing a letter accusing top government officials of corruption. The letter was written by Willy Sum, a government critic. On November 20, police raided the home of TOC editor-in-chief Terry Xu, confiscating computers and other equipment, and forcing the news website to declare a hiatus from publication. Xu was also interrogated by police for eight hours. TOC removed the allegedly defamatory letter as soon as it received a takedown notice from the Infocomm Media Development Authority (IMDA), an agency of the Singaporean government. TOC is back online, for now.

Israel wants German philanthropies to end support for NGOs, independent media

German officials received a letter from the Israeli government asking that it pressure two philanthropic organizations, Heinrich Böll Stiftung and Rosa Luxemburg Stiftung, to discontinue support for several Israeli human rights and civil society organizations, including the independent web magazine +972. Upon learning about the letter, a Heinrich Böll spokesperson told reporters, “[An attack on a] critical magazine like +972, which reflects Israel’s diversity of opinion, is also an attack on the well-known journalists of Israel.”

According to the German news site Die Tageszeitung, the letter specifically mentioned +972, arguing that its authors “regularly accuse Israel of apartheid.” +972, which is named after the telephone country code shared by Israel and Palestine, is an independent publication co-owned by a group of Israeli and Palestinian writers and received only 9% of its funding from the two foundations in 2018. The staff vowed to continue “conducting independent journalism determined to end the occupation and advance human rights and democratic values in Israel-Palestine.”

#100daysforAlaa: Supporters push for timely release of jailed Egyptian activist

The family of Egyptian blogger and activist Alaa Abd El Fattah is getting ahead of the Egyptian justice system by advocating for his timely release from prison, scheduled for March 17, 2019. Alaa was arrested and jailed in November 2013. In February 2015, he was finally tried and convicted of “organising” an unauthorized protest, and sentenced to five years in prison. While he did take part in a protest against military trials for civilians on 26 November 2013, Alaa had no role in organising it.

Alaa’s March release date does not mark the end of Alaa's time served, but rather a transition to the final phase of his sentence. After his release, Alaa will be made to spend every night in his local police station for an additional five years.

New research

 

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Afef Abrougui, Joey Ayoub, Rohith Jyothish, Oiwan Lam, Elizabeth Rivera, Taisa Sganzerla, Ivan Sigal, and Ellery Roberts Biddle contributed to this report.

 

CORRECTION [December 31, 2018]: A previous version of this report identified blocked website bdpolitico.com as being the blog of British journalist David Bergman. In fact, Bergman is the author of bangladeshpolitico.blogspot.com, a separate site. Although Bergman's site is blocked in the country on certain ISPs, it was not blocked in this particular episode.

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