Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en espagnol.
Depuis la mi-janvier 2019, quand Juan Guaidó a ouvertement contesté [fr] la légitimité de la présidence de Nicolás Maduro, les Vénézuéliens cherchent partout des sources d'information fiables sur ce qui se passe vraiment dans leur pays.
¡Qué angustia, qué nervios, qué desesperación! pic.twitter.com/WXEHJ32cva
— EDO (@edoilustrado) February 23, 2019
Tant d'anxiété ! Tant de souffrance ! Tant de désespoir !
L'absence de médias traditionnels indépendents [fr], ainsi que la censure généralisée [fr] qui a causé la fermeture de chaînes de radio, de télévision et de médias numériques, ont poussé les internautes à se rendre aux confins d'Internet pour trouver des sources d'informations dignes de confiance. Voici quelques médias, parmi ceux qui fonctionnent encore, que les membres de Global Voices vous recommandent.
La très chère Arepita (“petite arepa [fr]“, en-cas vénézuélien à base de maïs) offre un résumé quotidien d'une situation complexe et mouvante avec une dose généreuse d'humour vénézuélien. Arepita est distribuée sous la forme d'une lettre d'information par email : contrairement à un site internet, les autorités ont plus de difficultés à censurer celles-ci.
En cualquier parte del globo terráqueo ?, te contamos de tu Venezuela amada en código venezolano, emojis, un poquito de humor… y de vez en cuando, hasta con una canción. Somos un newsletter hecho con corazón. Suscripción gratuita❤ https://t.co/8lSX8Tfwtv
— Arepita (@SoyArepita) February 28, 2019
N'importe où dans le monde ?, nous vous parlons de votre Venezuela adoré en code vénézuélien, avec des émoticones et un peu d'humour… et même, de temps en temps, avec une chanson. Nous sommes une lettre d'information faite avec amour. Abonnement gratuit ❤
D'autres sites d'information comme Efecto Cocuyo (“Effet luciole”) et le site anglophone Caracas Chronicles [en] (Chroniques de Caracas), une institution intellectuelle de longue date dans la diaspora vénézuélienne, se sont mis à envoyer des lettres d'information par email à leur fidèles lecteurs pour éviter la censure.
Après l'arrêt forcé du programme radio dont ils faisaient partie, Luis Carlos Díaz et Naky Soto, véritable couple de choc dans les médias numériques du pays, se sont tournés vers les réseaux sociaux et Patreon pour diffuser des vidéos quotidiennes expliquant de façon simple et pédagogique différents aspects de la situation. Díaz fait partie de la communauté de Global Voices depuis plus de dix ans [Récent : Lire la disparition, l’arrestation et la remise en liberté conditionnelle de Luis Carlos Díaz]
Respondimos la pregunta de @marimaguita sobre “los retoños del chavismo/madurismo” y nos permitió hablar hasta del destino del dinero sucio tus tantos años de corrupción.
Mira el video completo en https://t.co/HjCDrniHgR pic.twitter.com/ALUPPkiObj— Luis Carlos Díaz (@LuisCarlos) February 27, 2019
Nous répondons à la question de @marimaguita sur “les germes du chavisme / madurisme”, qui nous permet de parler du sort de l'argent sale issu de nombreuses années de corruption. Regardez la vidéo en entier…
D'autres se donnent pour mission d'aider les lecteurs à naviguer dans un trop-plein d'informations. Un groupe a créé des rapports périodiques sous forme d'infographies faciles à partager et qui résument les derniers événements sous le titre tout simple de “Que se passe-t-il au Venezuela ?”
¿Qué está pasando en #Venezuela? – #4M – Reporte a las 7:00 pm pic.twitter.com/cPQh3VCHE7
— Caps (@El_Caps) March 4, 2019
Que se passe-t-il au #Venezuela? – #4M – Rapport à 19h.
Compte tenu de la mauvaise qualité de la connexion à Internet dans tout le pays, ainsi que de la désinformation constante qui rend l'Internet vénézuélien difficile à naviguer, ces infographies se sont révélées inestimables pour les citoyens tentant d'aider leurs familles et amis à rester informés sur la situation.
Les estoy mandando estás imágenes a mis conocidos que viven en zonas a las que les han cortado el internet. Cuando bajan a la ciudad o entran a un wifi, se enteran de todo rápido. Gracias a quienes los hacen. https://t.co/LDQEN5HabA
— Cuero Seco (E) (@capelaez) February 26, 2019
J'envoie ces images à mes connaissances qui vivent dans des zones où Internet a été coupé. Quand ils se rendent en ville ou entrent dans une zone avec un réseau sans fil, ils découvrent tout rapidement. Merci à ceux qui les font.
D'autres personnalités connues sur les médias sociaux se sont dirigées vers WhatsApp et Telegram pour diffuser des informations fiables avec leurs abonnés. C'est ainsi le cas du célèbre journaliste Fran Monroy, qui gère à présent trois groupes WhatsApp pour des usages distincts :
Abrimos 3 grupos de Whatsapp: 2 son unilaterales: UNo de información verificada, otro de nuestro programa @codigoabierto y un tercero para libre discusión de tecnología. Si quieres pertenecer a ellos, simplemente manda un DM y te mandamos la información. ¿Si va?
— Fran Monroy Moret (@fmonroy) February 17, 2019
Nous avons ouvert 3 groupes sur WhatsApp : 2 sont unilatéraux : un pour les informations vérifiées, un autre pour notre programme @CodigoAbierto, et un troisième pour discuter librement de technologie. Si vous voulez prendre part, envoyez simplement un MP et nous vous enverrons les informations. Ok ?
Les dirigeants de l'opposition produisent aussi, en quelque sorte, leurs propres médias. Bien qu'ils retiennent l'attention des médias internationaux, les grands groupes médiatiques nationaux ne leur accordent que peu (ou pas) d'espace pour expliquer leurs positions. Pour toucher leurs supporteurs actuels et potentiels, ils utilisent à la place des flux audios et vidéos et des groupes sur Telegram et WhatsApp.
Malgré les nombreuses tentatives des acteurs institutionnels pour perturber les communications sur Internet ou influencer les récits mis en ligne, les Vénézuéliens trouvent des moyens de rassembler, d'organiser et d'évaluer les informations à leurs propres conditions.